Il s'en est passé du temps depuis qu'un étudiant cabochard de Rugby, William Web Ellis, s'empare du ballon de football à la main et traverse le terrain sous le regard médusé de ses camarades! C'était en 1823, et la légende est trop belle pour que l'on puisse la contester...
Par la suite, ce sport va traverser la Manche, avec la fondation du premier club en France au Havre en 1872. Il va alors se répandre et rencontrer son terroir d'adoption dans le Sud-Ouest. C'est ainsi que d'élitiste et universitaire en Angleterre, le rugby va devenir populaire et rural dans nos campagnes.
Le tournoi fut créé en 1882 par les quatre nations britanniques. La France dispute son premier match international le premier janvier 1906 contre la Nouvelle-Zelande. Petit à petit, elle gagne en crédibilité, ce qui lui permet d'être invitée pour le tournoi 1910.
La France se déplace donc chez l'ogre gallois et la tradition veut que l'on joue le premier match du tournoi le premier janvier. Après 2 jours de voyage, épuisés et malades, les quinze français arrivent à Swansea, le quinzième homme ayant même été recruté d'urgence le 30 au matin car le talonneur titulaire n'a pu rejoindre Paris à temps! Les français s'inclinent 49 - 14 en ce premier janvier 1910. L'année suivante, les francais gagnent leur premier match contre l'Ecosse à Colombes 16 à 15.
Dans les années 20, le rugby explose en France, drainant des foules considérables. Colombes acceuille régulièrement plus de 50 000 personnes lors des matchs du tournoi, ce qui pousse les dirigeants de la FFR à envisager la construction d'un stade de 90 000 places! Le 3 avril 1920, la France gagne son premier match à l'extérieur contre l'Irlande.
Mais en 1931, l'impensable se produit. Les nations britanniques, lassées de l'indiscipline des joueurs et des supporters français, excluent la France du tournoi! Après quelques matchs sans intérèt contre l'Allemagne, l'Italie ou la Roumanie, les meilleurs éléments partent au jeu à XIII, le rugby à 15 retombe dans l'anonymat et le football prend son essor.
Il faut attendre le premier janvier 1947, et les pressions répétées de Jacques Chaban-Delmas pour renouer avec le Tournoi, et la victoire 8 - 3 contre l'Ecosse, une des plus farouche opposante au retour des français.
Dès les années 50, la France va s'imposer comme une nation majeure du rugby européen, remportant les éditions 54, 55 et 59 avec des joueurs comme Jean Prat "Monsieur Rugby" ou Lucien Mias "Docteur Pack". Ils s'imposent également au niveau international, contre les Blacks en 54 et chez les Springboks en 58.
Les années 60 seront marquées par la domination des français qui l'emportent à 6 reprises, dont le premier grand chelem de la France, en 1968. C'est aussi la décennie de la médiatisation du rugby, avec l'éclosion de la télévision et son héraut Roger Couderc, et dans un registre plus poétique, les papiers d'Antoine Blondin.
Dans les années 70, la plus belle équipe jamais présentée brille sur le tournoi. Les gallois gagnent sept tournois dont trois grands chelems. A signaler, l'année 74 où les 5 équipes engagées finissent ex-aequo! Les seuls à s'accrocher sont les français. Sachant qu'ils ne peuvent rivaliser dans un registre technique, ils vont présenter des packs plus féroces les uns que les autres. Graham Price, pilier gallois se souvient: " La France alignait toujours des packs de salopards qui sentaient l'ail et la méchanceté. On se demandait toujours si on allait sortir en un seul morceau". La tactique finit par s'avérer payante en 77, avec un pack de légende: Cholley, Paco, Paparemborde, Palmié, Imbernon, Skrela, Rives et Bastiat. Sous la direction de Fouroux, du haut de son 1,62m, ils écrasent tout sur leur passage et les 15 mêmes joueurs gagnent le deuxième grand chelem de la France, fait unique dans l'histoire du tournoi.
Dans beaucoup de communes, messe et rugby rythmaient la journée dominicale. Les prêtres rugbymen étaient d'ailleurs monnaie courante.
Dans les Landes, à Larrivière-Saint-Savin, une chapelle est même dédiée à notre sport.
Notre-Dame de Rugby
Suite au décès accidentel en 1963 de 3 joueurs dacquois, dont un frère Albaladejo, l'abbé Devert décida de restaurer cette chapelle et de la dédier au rugby. Les travaux furent achevés en 1967.
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Vitrail dédié à l'ovalie | Autel de N-D de Rugby |
Depuis cette date, la chapelle accueille les souvenirs d'anciens joueurs et des ex-votos de joueurs blessés remerciant N-D de Rugby de leur guérison.
Panneau d'ex-votos, il y en a même de TAHITI !
De nos jours, la messe n'est plus le rendez-vous dominical, et "Le terrain de rugby est devenu l'indispensable lieu de fête que l'église n'est plus". Raymond Abellio in Dans une âme et un corps
Aubusson est connue comme étant la capitale mondiale de la tapisserie. A l'occasion de la Coupe du Monde de Rugby 2007, le président du RCA en place, Michel Galvaing, eu l'idée de mêler rugby et histoire, en proposant à la FFR une tapisserie commémorative. Le président Lapasset trouva l'idée originale et commanda deux exemplaires.
Le cartonnier et peintre choisi fut Jacques Cinquin, figure de l'art aubussonnais, avec le parrainage d'Olivier Merle. Il restait à trouver les lissiers, ce fut Martine Stamm et André Magnat.
Une des tapisserie a été vendue aux enchères au pofit de la Fondation Albet Ferrasse, l'autre est exposée à la FFR.
Vous pouvez voir les étapes de sa réalisation dans un film tourné sur l'évènement accessible par le lien ci-dessous.